Air à P8

Agressions physiques et verbales, intimidations à l’égard des membres du CA : Peut-on accepter la banalisation de tels agissements ?

dimanche 13 mai 2012, par airap8

Agressions physiques et verbales, intimidations à l’égard des membres du CA : Peut-on accepter la banalisation de tels agissements ?

Ce vendredi 11 mai à 15 H. les deux portes d’accès à la salle du CA sont bloquées. Côté salle verte, le blocage est effectué par des étudiants de Sud pour nous empêcher de rentrer. L’amorce de dialogue dégénère très vite notamment à mon encontre, il est dit qu’il est hors de question de discuter avec moi, je suis un « vendu », les propos sont extrêmement désobligeants sans atteindre encore la violence de la fin d’après-midi. Le peu de « politique » entendu concernait le fait qu’ils voulaient empêcher le CA de se tenir. Une représentante de la dionysoise est venue leur demander de nous laisser passer (on comprendra pourquoi après).

15 h.20/ 15.30 Les membres du CA sont pour l’essentiel dans la salle de réunion. La sécurité se laisse déborder et les « manifestants » rentrent dans la salle. Ils exigent le temps d’un débat. Le président leur demande de désigner une délégation pour que le débat puisse se tenir correctement. Refus et annonce qu’ils resteront là.

Le président suspend la séance, les conditions d’un débat serein n’étant pas remplies. A ce moment il a été crié qu’il fallait nous empêcher de sortir, d’aller nous réunir ailleurs et éviter que la séance du CA ne reprenne. N’ayant nullement l’intention d’être séquestré, j’ai donc décidé de sortir. Les occupants ont commencé à vouloir barricader les sorties avec des tables. Parce que je tentais de sortir, j’ai été pris à partie, bousculé et malmené. C’est parce que je faisais preuve d’une volonté farouche de quitter la salle, que j’ai un peu l’expérience de ce type de situation et que je me suis vivement débattu que j’ai pu le faire. Oser écrire « Il se produit une petite bousculade autour d’une des portes, parce que François Castaing insiste pour sortir ; certaines personnes posent des tables devant les deux portes et s’assoient dessus, mais laissent François Castaing sortir devant son insistance » est un véritable mensonge et une tentative de justification a posteriori d’actes intolérables. Quelle que soit l’appréciation des uns et des autres sur le degré de la violence, personne ne peut contester que cet acte soit du registre de la violence physique et pas seulement symbolique. Cela s’appelle une agression physique, pas un débat politique. Et cette violence ne s’est pas exercée seulement contre moi. Le fait que les pompiers aient finalement dû emmener à l’hopital un des membres des personnels de sûreté en atteste aussi. De plus, même le pseudo récit cité ci-dessus reconnaît qu’il y a bien eu une volonté explicite d’empêcher les membres du CA de sortir, ce qui en bon français signifie une tentative de séquestration du conseil.

Rejoint plus tard par d’autres collègues ayant réussi à sortir à l’aide des personnels de sûreté, nous avons été escortés dans tous nos déplacements de façon ostentatoire, ce qui relève là encore d’une pression physique et psychologique totalement intolèrable. Cette pression tout autour du bâtiment G où devait reprendre la séance avait pour but évident d’intimider physiquement les membres du CA. Quand j’ai pénétré environ une heure plus tard dans le bâtiment G, il a fallu de nouveau forcer le passage pour pouvoir y circuler. Il a été explicitement dit par les personnes qui tentaient d’entraver notre passage qu’il fallait nous empêcher de nous réunir. C’est pour la même raison que le président était bloqué au poste de sécurité. Peut-on accepter que nous n’ayons pas, au prétexte que nous serions élus, le droit de circuler librement dans l’université ? Comparer, comme se permet de l’écrire un collègue sur un blog, le rétablissement de ce droit élémentaire à l’université sous Franco … en pire est totalement indigne.

A l’issue des débats du CA (qui a pu reprendre vers 18 heures), c’est-à-dire vers 20.00, nous avons été accueilli par un « les voilà, les voilà », puis j’ai été accompagné plusieurs mètres aux cris de « immonde tas de merde, pute, collabo, salope, etc » sous les yeux rigolards d’un enseignant qui vient d’être élu au CA sur une liste originale. Cela s’appelle une agression verbale, dont certains sont par ailleurs coutumiers à mon endroit.

Au-delà de l’atteinte physique et verbale aux personnes, c’est toute la question du déni de reconnaissance de la légitimité des élus qu’ils l’aient été en 2008 ou qu’ils le soient à compter de mai 2012 qui est posée. Cela se passe au lendemain d’élections qui viennent d’avoir lieu et dont le verdict est éclairant. Accepter de tels comportements, c’est s’assurer de l’ingouvernabilité de Paris 8, c’est privilégier le pouvoir de petits groupes de pression à l’encontre du principe de collégialité dont les occupants se gargarisent que de la légitimité élective. C’est d’autant plus inacceptable que la position prise par le CA en la circonstance ne vise en aucune façon à imposer un projet pour l’avenir de P8 mais seulement à mettre à disposition des conseils à venir un choix qu’il leur conviendra de retenir ou non. Cela est explicitement rappelé dans la lettre des deux présidents comme dans la motion adoptée par le CA. L’image ainsi renvoyée de Paris 8 au moment où se débloque un dossier ouvert depuis plusieurs années est pitoyable.

Je remercie les collègues qui m’ont assuré de leur soutien. J’attends des organisations syndicales et de certains responsables de listes qu’ils désapprouvent le fait de s’en prendre physiquement à des collègues, élus ou non, syndiqués ou non et qu’ils dénoncent les pratiques d’ insultes et d’injures les plus grossières en lieu et place du débat politique.

Je terminerai mon mandat sans céder à quelque intimidation que ce soit. Et n’accepterait d’en assumer un nouveau qu’en ayant l’assurance que notre communauté dans sa très grande majorité désapprouve de tels comportements. Que ceux qui les estiment tolérables assument leurs propres responsabilités. François Castaing, le 13 mai 2012

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