Air à P8

Formation des enseignants et Recherche - contribution collective

jeudi 28 février 2013, par airap8

Formation des enseignants et Recherche

Les enseignants-chercheurs signataires de ce texte, tous impliqués dans la formation des enseignants, qu’il s’agisse du premier ou du second degré, souhaitent attirer l’attention sur une incohérence entre les textes et documents de travail de cadrage national concernant la formation des enseignants au sein des ESPE. Cette incohérence est susceptible d’entrainer des conséquences particulièrement néfastes, à un moment crucial pour la mise en place des maquettes de master MEEF.

Le document intitulé Cadre national formations, daté du 28 janvier 2013, indique que la formation initiale des enseignants et personnels d’éducation « comporte, entre autres, une formation à et par la recherche » (rubrique 1 dispositions générales, point 2). Ce même document précise ensuite que « la formation répond aux attentes du diplôme national de master telles que précisées par l’arrêté du 25 avril 2002 relatif au diplôme national de master, notamment l’adossement à la recherche » (rubrique 2 Architecture de la formation initiale, point 1). Plus loin, il ajoute que « la formation s’appuie sur une activité d’initiation à la recherche, qui permet à l’étudiant et à l’enseignant stagiaire de se familiariser à la démarche scientifique. Au-delà de son contenu disciplinaire, cette activité de recherche doit permettre l’acquisition de compétences en lien avec l’observation et l’analyse des pratiques professionnelles » (rubrique 2 Architecture de la formation initiale, point 7).

Le document intitulé Propositions CSM daté du 31 janvier 2013 évoque un « mémoire de stage » figurant dans le bloc mises en situations professionnelles, et non plus un mémoire de master dans le bloc recherche. Or la recherche en master s’élabore précisément au sein du mémoire de master.

Il nous apparait ainsi que, sans doute pour éviter que les futurs enseignants ne soient engagés dans des recherches éloignées du terrain, ce texte vise une suppression pure et simple de la recherche dans les masters MEEF, autrement dit une démasterisation discrète, mais radicale.

Nous voudrions ici rappeler que le caractère professionnel des recherches susceptibles d’être menées au sein de ces masters s’inscrit dans les objets de recherche proposés aux étudiants (analyse de pratiques de classe, de dispositifs scolaires, des modalités d’apprentissage, des échanges dialogués au sein de la classe etc.) et non dans la nature du mémoire ; celui-ci ne peut être réduit à un « mémoire de stage » qui pourrait laisser penser, dans cette dénomination, à un simple « rapport de stage ». Si l’on souhaite initier les étudiants à la recherche et à ses démarches, parce que seule cette initiation à la recherche permet de construire un regard critique et informé sur les pratiques de classe et sur la manière dont les élèves apprennent, alors il est indispensable de maintenir le mémoire dans le bloc « recherche ».

C’est parce que les IUFM ont, dans une certaine mesure, manqué la possibilité d’une confrontation directe entre les enseignants en formation et les résultats et les méthodes de la recherche qu’ils n’ont que peu permis la prise en charge par les enseignants des 20% d’élèves sortant du système scolaire sans qualification. Nous ne voudrions pas que la formation dans les ESPE reproduise ces modèles, et « digère » à la place des enseignants eux-mêmes les contenus scientifiques de formation, qui leur sont indispensables pour concevoir leurs interventions en classe, dans une perspective adaptative, en phase avec les avancées de la recherche universitaire dans les secteurs de l’enfance et de l’éducation.

Des masters préparant les enseignants aux défis de leur future profession doivent mettre en synergie l’acquisition des gestes du métier et l’analyse critique des situations d’enseignement et d’apprentissage. Les contraintes de temps ne sauraient faire renoncer à cette exigence essentielle pour la réussite de nos étudiants et des élèves qui leur seront confiés.

Signataires : Nathalie Sayac, MCF en Didactique des Mathématiques (LDAR), UPEC-IUFM de Créteil Brigitte Marin, PU en Linguistique (CIRCEFT), UPEC-IUFM de Créteil Denis Alamargot, PU en Psychologie (CHArt-Paris 8), UPEC-IUMF de Créteil Catherine Delarue-Breton, MCF en Sciences du langage (CIRCEFT), UPEC-IUFM de Créteil Jacques Crinon, PU en Sciences de l’éducation (CIRCEFT), UPEC-IUFM de Créteil Patrick Rayou, PU en Sciences de l’éducation (CIRCEFT), Université Paris 8

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