Air à P8

A propos de la circulaire Guéant

vendredi 13 janvier 2012, par airap8

Prestigieux parrains pour étudiants étrangers LEMONDE | 12.01.12 | 14h55 • Mis à jour le 12.01.12 | 17h53

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L’amphithéâtre de la Sorbonne était plein à craquer, mardi 10 janvier, pour accueillir la première cérémonie de parrainages d’une quinzaine d’étudiants étrangers menacés d’expulsion. La manifestation était organisée par le Collectif du 31 Mai - date de la circulaire Guéant qui restreint le droit des diplômés étrangers à rester sur le sol français -, qui a fourni les filleuls choisis parmi le millier de dossiers recensés. Les initiateurs de la pétition "Notre matière grise est de toutes les couleurs", lancée il y a moins d’un mois par la productrice Fabienne Servan-Schreiber, le mathématicien Bertrand Monthubert et l’avocat Jean-Pierre Mignard, et qui a déjà recueilli plus de 30 000 signatures, étaient coorganisateurs.

De prestigieux parrains se sont portés volontaires, le Prix Nobel de physique Albert Fert, l’économiste Olivier Pastré, les historiens Michelle Perrot et Pierre Rosanvallon, l’essayiste Caroline Fourest, des présidents d’université, ou encore les réalisatrices Tonie Marshall et Caroline Huppert.

Les étudiants présents, originaires de tous les continents, ont raconté leur parcours et dit leur amour de la France. Adama Baba Corera, Mauritanien âgé de 25 ans, titulaire d’une maîtrise de mathématiques appliquées et d’un diplôme d’ingénieur Télécom, a une promesse d’embauche dans l’informatique mais son titre de séjour expire le 24 janvier et il s’est vu signifier son refus de changement de statut. Il attend, dans l’angoisse et le dénuement, le résultat de son recours : "Vivre à Paris sans argent, c’est un peu comme être lâché dans le désert avec seulement une petite bouteille d’eau. Je ne peux plus travailler, j’ai dû quitter mon logement et je suis hébergé par mon cousin." Son "parrain", Michel Broué, mathématicien à l’université Paris-Diderot, fulmine : "Cette circulaire est une terrible régression. Il faut se battre. Il y a quelques années, j’ai dû menacer de m’enchaîner aux grilles du ministère pour que le CNRS recrute une jeune Chinoise douée en mathématiques et je suis persuadé qu’elle sera la première femme à se voir décerner la médaille Fields ! Faut-il se priver de ces talents ?"

UNE ÉPOQUE SCHIZOPHRÈNE

Ekatarina Tyunina est russe, chargée d’affaires dans "une grande banque française dont il faut taire le nom" : "Mon employeur ne me soutient plus et je suis dans une situation très précaire.""On est dans une époque schizophrène, juge son "parrain", Vincent Berger, physicien et président de l’université Paris-Diderot, car nos financeurs nous évaluent sur notre attractivité internationale mais, aujourd’hui, on rejette nos étudiants étrangers."

Les grands absents sont les employeurs, si l’on excepte Arnaud Lievin, directeur d’une jeune PME de services informatiques : "Le 20 décembre 2011, la préfecture a notifié le refus de son titre de séjour à une de mes salariées, Zainab, Marocaine diplômée de l’école d’ingénieurs Polytech de Clermont-Ferrand. Je l’ai formée pendant plus de six mois, j’ai dû la licencier sur-le-champ et le recours que j’ai introduit n’est pas suspensif. C’est très violent."

D’autres parrainages vont suivre, comme l’a annoncé Fabienne Servan-Schreiber, qui dit pouvoir "déjà compter sur au moins une centaine de parrains volontaires". Isabelle Rey Lefebvre Article paru dans l’édition du 13.01.12

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